« Etonnants Voyageurs » 2012, c’est fini. Je reviendrai sur cette superbe édition. Une des toutes plus belles de celles que j’ai couvertes.
Aujourd’hui, présentation d’un rendez-vous tout aussi international, mais d’un tout autre genre : les Assises Internationales du Roman, à Lyon. A l’ensemble des Subsistances, « laboratoire international de création artistique », sur les bords du Rhône.
Depuis le 28 mai et jusqu’au dimanche 3 juin se tient la sixième édition de cet évènement qui était prévu pour être biennal et dont il fut décidé dès la fin de la première édition qu’il serait annuel. Car, dès 2007, les Assises dépassèrent les espérances et déplacèrent les lignes.Dans des débats thématiques, entre deux et quatre auteurs sont invités à s’exprimer sur un thème précis. Chaque auteur participant s’est vu demandé d’écrire un texte de réflexion sur cette thématique, et il le lit devant l’assistance -en général, 600 personnes, soit la capacité maximum de l’immense salle. A noter que chaque année, en novembre, les éditions Christian Bourgois éditent le recueil de toutes ce contributions. Une fois ces lectures achevées, un débat d’une demi-heure se tient, mené par deux journalistes. Un issu de la rédaction du Monde, co-créateur de la manifestation, et un second issu d’une rédaction d’un média étranger.
Chaque jour se tient trois débats. On peut aussi assister à des lectures, des mises en espace et des tête-à-tête. Soit, tout au long d’une semaine complète d’évènement public avec six ou sept dizaines d’écrivains, une matière extrêmement dense.
Certes, ces micro-colloques sont parfois trop universitaires et trop longs (on pourrait imaginer que certains thèmes de rencontres donnent lieu à un débat sans lectures), mais les Assises offrent par ce modus operandi le double avantage d’offrir des discussions autour de thèmes qui traversent l’oeuvre des écrivains, mais aussi ceux qui questionnent tous les amateurs de fiction.
C’est là un grand point commun entre les Assises et Etonnants Voyageurs : deux grands évènements, basés sur des rencontres entre public et écrivains, et qui sont des passerelles entre le monde et le roman. Et interrogent la fiction.
A Saint-Malo le lien puissant entre la littérature, les autres disciplines artistiques narratives, les saveurs et l’Histoire. A Lyon celui entre la littérature, la philosophie et les sciences (sociales, mathématiques). Le premier a une âme world et le second une âme profondément universitaire, qui le rend compatible avec la littérature de voyage autant qu’avec l’autofiction la plus ethnocentrée.
On se dit que c’est une grande chance, en France, d’avoir depuis 2007 deux rendez-vous intellectuels d’une telle ampleur, à une semaine d’intervalle.
Connaissant bien la politique culturelle de la ville de Lyon depuis
2005 que je suis un des programmateurs de Quais du Polar, j’en sais le
potentiel et la curiosité culturelle.
Pour ma part, j’ai couvert trois éditions des « AIR » pour Rue89, et je
me réjouis d’y revenir cette année. J’en suis toujours parti ébloui par
la qualité de l’organisation, de la programmation, par la très haute
tenue de débats qui sont à la fois très intellos et très accessibles. Je
me rappelle de discussions sur le fait divers, sur la folie, sur la
guerre, sur la science en fiction, sur la religion, d‘une discussion
entre un auteur vivant et des écrivains disparus (le vivant répondant à
des propos d’écrivains par le biais des archives de l’Ina
; cette année, ce sera Douglas Kennedy) et de tant d’autres. Je me
rappelle la qualité, l’émotion, l’exigence, la puissance. J’ai tout
raconté ici.
Intérêt supplémentaire pour un journaliste, toujours au fait de l’actu : il arrive régulièrement que certains auteurs invités aient un livre qui paraît à la rentrée, quelques mois plus tard. Cela nous permet de rencontrer l’auteur en avant-première sur ce sujet. Ce sera par exemple le cas cette année des Américains Jonathan Dee et Nick Flynn.
Cette sixième édition a pour thème générique « Penser pour mieux rêver ». Ce week-end notamment, on pourra voir Alexis Jenni, Javier Cercas (« La guerre et ses représentations »), on aura un débat qui s’annonce passionnant sur « L’écriture de la sexualité » avec Céline Minard, Sara Stridsberg, Eric Marty et Nicholson Baker, ou encore un grand évènement : la présence de l’hénaurme yankee William T. Vollmann, si rare en France. Tout le programme est ici.
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