On le sait, cet Euro 2012 est la première grande compétition par équipes nationales dont on ne pourra pas voir tous les matches gratuitement. BeIn Sport 1, la chaîne du groupe qatari Al-Jazira, retransmettra tous les matches, tandis que M6 et TF1 en retransmettront à eux deux environ les deux tiers. La différence est que les deux dernières sont gratuites d’accès, tandis que beIn Sport 1, lancée à l’occasion de cet Euro, est payante (11 euros par mois).
La naissance de cette chaîne, qui sera suivie de sa sœur beIn Sport 2 cet été, fut beaucoup commentée. Beaucoup de supporters ont appelé au boycott. Je dois dire par esprit de transparence que, de la même façon que la majorité des passionnés de foot ont un abonnement à Canal+, j’ai souscrit un abonnement à beIn. Toute passion vaut cher. C’est pourquoi on l’appelle passion.
C’est ainsi que, en cet Euro, certains matches seront retransmis simultanément par la chaîne payante et un des deux diffuseurs gratuits. Ce fut le cas hier soir pour Allemagne-Portugal, et ce le fut ce soir à 18 heures avec un somptueux Espagne-Italie.
Alors, quelles différences ? Pour voir, j’ai testé les deux ce soir, en regardant grosso modo une mi-temps sur chaque.
Sur beIn, Xavier Domergue et le défenseur Jean-Alain Boumsong –qui joua le triste Euro 2008 avec les Bleus de Domenech. Sur M6, Denis Balbir avec l’ancien joueur Jean-Marc Ferreri (qui joua le victorieux Euro 1984 avec les Bleus d’Hidalgo). De chaque côté : une formation classique, donc. A ceci près que Ferreri commente pour M6 depuis plusieurs saisons, notamment les matches d’Europa League, ce qui n’est pas le cas de Boumsong –encore en activité en Grèce.
Sur beIn, il y a un indéniable « ton Canal ». Logique : une bonne
partie des recrues de la chaîne vient de sa concurrente cryptée (Darren
Tulett, Christophe Josse, etc). On voit que les commentateurs ont bouffé
du match européen toute la saison. Résultat : une narration qui alterne
entre analyses de situations de jeu, background complet sur le
caractère des joueurs (notamment sur Mario Balotelli), et une très
grande vivacité de la part des deux commentateurs. Boumsong parle
souvent à la première personne –chose rare de la part des consultants,
en football aussi bien qu’en rugby ou en tennis, et qui les rapproche un
peu des bloggeurs. Pour autant, les deux hommes ne parlent pas toujours
ensemble, et manquent encore de complicité au micro.
Bilan : un match raconté de façon vivifiante, avec un Domergue qui peut alterner entre plusieurs registres de voix.
Ca tombe bien : le match l’était, qui monta en rythme jusqu’à la fin.
BeIn : un match et du background. A l’anglaise.
Sur M6, c’est plus technique, et un peu plus terre à terre aussi,
mais en rien plat pour autant. C’est une narration qui colle au terrain,
aux actions, au développement du jeu. Denis Balbir et Jean-Marc Ferreri
commencent à avoir de la bouteille, surtout pour le premier. Celui-ci
est vif, voit bien le jeu, et est capable de suivre une action tout en
la détaillant précisément. Très pro, très enthousiaste. Ferreri, ancien
joueur, est pour ce qui le concerne très bon lorsqu’il décrypte
techniquement une action. Il parle clairement de double rideau défensif,
d’absence coupable de marquage, et de l’effritement progressif de la
charnière centrale italienne à la fin du match. Le problème de Ferreri,
comme de nombreux anciens joueurs sollicité trop tôt au micro, c’est
l’oralité : confondre « Rioja » et « Roja » (surnom de l’équipe nationale espagnole)…
Bilan : un match raconté plus à plat, mais de façon tout aussi vive que beIn.
M6 : une chaîne habituée aux talk shows. Moins de ton, mais à l’aise techniquement. A la française.
Addendum le 11/06 à 11h:
Pour écouter la chronique radio de cette expérience, avec du son, ma voix et celle de Pascale Clark: écouter ici le podcast de « Comme on nous parle« .
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