Coquin de sort, qui décida cette année de placer un PSG-OM en pleine Toussaint, la veille du jour des morts. Il y a moins d’un mois, le premier match de la saison entre les deux meilleurs ennemis du foot en France déboucha sur un match nul 2-2, avec un doublé de Gignac côté phocéen, et un de Zlatan Ibrahimovic côté parisien.
Une première période de très bon niveau, durant laquelle furent plantés les quatre buts, et une seconde plus quelconque. « Ibra » était sorti de l’arène en furie.Demain, ce n’est pas le championnat mais la Coupe de la Ligue, pour les huitièmes de finale exactement, qui sera le cadre de ce nouveau clasico. Sans Gignac, blessé à Troyes, et peut-être sans la mégastar suédoise, ménagée hier et aujourd’hui.
Depuis le 7 octobre, peu de choses ont changé, mais toutes sont essentielles :
- La blessure de Gignac, et son remplacement par un Rémy à cours de jus et de confiance, a donné à voir les limite du banc marseillais, dû à la diète financière du club.
- Après n’avoir fait que gagner, l’OM n’a fait que perdre depuis ce 7 octobre
- Le PSG a ravi le siège de leader à son rival sudiste, et peut-être ne sera-t-il pas rattrapé
Si l’OM perd, qui est le détenteur de cette Coupe de la Ligue depuis… 2010, c’est clairement le début d’une crise sportive, qui atteindra le cœur des vestiaires et des cadres. Si le PSG gagne à domicile, ce sera, quelque part, logique. Et s’il perd, ce n’est pas grave : cette compétition n’est pas son objectif.
Ainsi donc, ce PSG-OM a une saveur tout aussi particulière que le dernier. Ainsi donc, il convient aussi de réviser. Le 7 octobre, le Pop Corner avait écrit l’histoire des OM-PSG au Stade Vélodrome. Voici l’heure de quelques dates phare des PSG-OM vus du Parc des Princes.
20 décembre 1992 : « Le bal des bouchers »
C’est le surnom d’un match qui fut plutôt une guerre. L’OM trustait les titres depuis trois ans… et un match contre le PSG. Du côté parisien, on était passé sous label Canal+, qui avait repris le club un an auparavant. Un nouveau contexte qui avait fabriqué, complètement artificiellement et pour des raisons d’audimat, une tension entre les deux clubs. Il n’y avait certes qu’à pousser un peu : Paris et Marseille sont, depuis les épidémies des XIVe et XVIIe siècles, et depuis les canons de Louis XIV tournés contre la cité phocéenne en 1660, des villes ennemies. La bourgeoise contre la populaire. Le continent contre la Méditerranée. En 1991, l’OM dominait le football hexagonal, et le boss Tapie sentait bien qu’il lui fallait un concurrent digne pour que cette domination veuille dire quelque chose. De l’autre côté, Canal+ diffusait la Première division, et l’audimat n’était pas au rendez-vous. Il fallait donc inventer l’huile, et la verser sur le feu. Canal et Tapie trouvèrent donc le concept de « clasico », en greffant sur la rivalité des cités celles de leur club. Paris-Marseille est une lutte des classes ? PSG-OM deviendrait une guerre sportive, télévisuelle et financière.
Ce 20 décembre fut le premier épisode de cette guerre. La semaine précédant la rencontre fut rythmée par des petites phrases de com’ assassines qui arrangèrent tout le monde. David Ginola, alors au fait de sa gloire de bellâtre et de footballeur, déclara : « Ca va être la guerre ». Le coach parisien Artur Jorge : « On va leur marcher dessus ». C’est dans un Parc des Princes chauffé à blanc, rempli par 42 509 spectateurs, que débuta un match où tacleurs, faucheurs, intimideurs et gouailleurs s’en donnèrent à cœur joie : et la faucheuse marseillaise Di Meco de découper Ginola, et Boli de faire du petit bois avec les tibias de Valdo, et des agressions au niveau des genoux, et Colleter, et Llacer. Plus de cinquante fautes sifflées, en plus du but de Boksic (21e) qui allait permettre à Marseille de l’emporter à Paris. Accentuant encore l’humiliation chez les vaincus, et renforçant l’idée de guerre.
Daniel Bravo : « C’était la guerre sur le… par le10sport
8 novembre 1997 : Ravanelli réinvente le foot
Les temps avaient changés, le club phocéen était passé par l’affaire de Valenciennes et par la D2. C’était l’OM de Laurent Blanc, de Claude Makelele, de Ravanelli, de Gravelaine. Dix-huit mois auparavant, le PSG était devenu le deuxième club français (après l’OM, donc) à remporter une Coupe d’Europe. Il y avait un but partout lorsque, à la 65e minute, le très roublard Ravanelli inventa l’auto-croc en jambes. L’arbitre, abusé par ce fin du fin de la tricherie, accorda le pénalty, que transforma Laurent Blanc. L’Italien, déjà star à Marseille trois mois après y avoir posé les crampons, prit valeur d’étendard pour les supporters. Grâce à lui, Marseille l’emporta 2-1 au Parc. Le ralenti fut ultra rediffusé, le penalty devint le plus commenté de toute l’histoire du championnat. On en parle aujourd’hui encore. Les supporters du PSG s’en souviennent encore, eux qui inventeront une chanson en l’honneur de « Penna Bianca » sur l’air de l’hymne national italien revisité.
5 mai 1999 : la vengeance est un plat qui se mange avec la formule
Ravanelli était toujours là quand, en ce printemps, l’OM disputait le
titre avec les Girondins de Bordeaux. Blanc était aussi resté sur la
Canebière, où l’avaient rejoints deux autres Bleus champions du monde :
Christophe Dugarry Robert Pires. Le club de la capitale, lui était dans
le ventre mou du classement. Ce 5 mai marqua la première pique d’une
vengeance parisienne qui n’atteignit sa pleine dimension qu’à la piqure
de rappel.
Le 5 mai, l’OM pensait avoir fait l’essentiel en ouvrant le score à la
21e, et en menant… jusqu’à la 84e minute et l’égalisation parisienne.
Pourtant, il n’avait pas fini de débander. A deux minutes du coup de
sifflet final, Rodriguez planta le but de la victoire bleu et rouge.
L’OM prenait du retard sur Bordeaux.
Trois semaines plus tard, lors d’une dernière journée où se jouait le
titre, le PSG recevait les Girondins, pour qui la victoire était
impérative. Le match fut comme un film coréalisé par Buster Keaton et
Bertrand Blier : voulant à tout prix priver les Olympiens du titre,
Paris laisse littéralement son adversaire gagner. 3-2. Un match non pas
arrangé, mais prévu. Pour bien montrer la vengeance qu’ils avaient
ourdie, les supporters parisiens sifflèrent carrément les buts de leurs
propres joueurs, acclamant ceux des Girondins. A qui le PSG offrit le
titre sur un plateau aussi doré qu’était glaciale et cynique la
vengeance parisienne contre Ravanelli. Lequel se « survengerait » au
début de la saison suivante, le 12 octobre de la même année, en plantant
un des deux buts de la victoire marseillaise à Paris (2-0).
26 octobre 2002 : Ronaldinho dans sur le scalp de l’OM
Une sale saison : par deux fois, Marseille perdit contre Paris en championnat. Pour être plus juste : Marseille perdit contre Ronaldinho. Deux buts au Parc le 26 octobre, pour une victoire finale 3-0. Un but au retour à Marseille, pour une victoire sur le même score. Durant ces deux matches, le Brésilien fit tout : le rythme, le spectacle, la moitié des buts, la grinta. Quand on dit OM-PSG 2002, c’est à la samba qu’on pense.
ronaldinho psg – marseille 2002 par damgaillou
Cerise sur le gâteau de la souffrance : la même saison, les parisiens éliminèrent les Marseillais de la Coupe de France : 2-1 en seizième de finale, après prolongations.
5 mars 2006 : le bluff et les minots
Cette date-là est aussi une guerre. Les tensions entre supporters des deux clubs s’étaient bien envenimées. Lors des matches entre Paris et Marseille, les déplacements des supporters étaient désormais étroitement surveillés, et comptés. En ce printemps, le président marseillais Pape Diouf alla « droit au clash » (titre de L’Equipe cette semaine-là). Estimant que les quotas de places pour ses supporters n’étaient pas respectés et que leur sécurité laissait à désirer, il décida de bluffer : si rien ne changeait, il enverrait au Parc l’équipe de CFA, des « minots ». Oui, il se priverait de Barthez, de Taiwo, de Niang, de Ribéry et des autres. Les autorités ne fléchirent pas. Diouf non plus. Ce sont bien de jeunes pousses de CFA qui entrèrent contre Ronalndinho et consorts. Et le bluff fonctionna à merveille. Oui, les minots marseillais tinrent tête au PSG. Ce 0-0 étouffa ces derniers de ridicule, et les joueurs de CFA devinrent les héros du printemps à Marseille.
Le PSG prendrait sa revanche un mois et demi plus tard. En grand, puisqu’au Stade de France, pour la finale de la Coupe de France gagnée deux buts à un.
28 février 2010 : trois buts, un titre, un mort
Il n’y a pas que les rixes entre supporters parisiens et marseillais –d’ailleurs, les supporters des deux équipes sont interdits de stade l’un chez l’autre. Dans les années 2000, il y eut aussi celles qui opposent les supporters parisiens entre eux, ou avec les CRS de plus en plus nombreux aux abords du Parc des Princes. Ce soir-là un membre du Kop de Boulogne y trouva la mort. C’est ce décès qui força les autorités et les dirigeants parisiens à dissoudre certaines associations de supporters. Mais ce décès, survenu un soir d’OM-PSG, montrait que tout le monde était à bloc lors de ce match, résultat vingt ans après de la guerre télégénique crée par Tapie et Canal. Bientôt, le Parc deviendrait familial.
Cette saison 2009-2010 fut celles des titres à Marseille : la Coupe de la Ligue et surtout le titre de champion de France. L’OM de Didier Deschamps a, en fait, beaucoup profité des acquis de celui de Diouf et Gerets. Cheyrou, Mandanda, Niang, Ben Arfa, Lucho, Koné, Heinze, Taiwo, Abriel, Cissé, Diawara, Morientes, Brandao l’emporta 3-0 au Parc, en plein cœur d’une seconde partie de saison parfaite, à qui l’équipe dût le titre. Ce 28 février, après une victoire qui validait leur potentiel et leurs espoirs, l’OM était à nouveau en route pour la gloire. C’est la dernière victoire de Marseille à Paris.
PSG – OM [28-02-2010] par MarcelitoRecords
30 octobre 2012 : »Un Clasico, ça ne se joue pas, ça se gagne »
C’est ce qu’a déclaré Mamadou Sakho, défenseur et parfois capitaine de l’équipe, ce mardi. Lors du dernier PSG-OM, le 8 avril, les locaux l’emportèrent 2-1. Et ce mercredi ?
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