Et puis, c’est un de ces soirs où on tombe sur un match clinquant, surprenant, infiniment plus vivant que prévu. Quatre-vingt dix minutes plus tard : sept buts, des retournements, de la technique, des poteaux, des barres transversales. On a peu vu Pirlo et Balotelli, mais on a vu un sacré match.
D’un côté, c‘est un effet étrange que de regarder sur une chaîne acidulée comme TMC des matches de football se déroulant au Brésil, un des deux poumons originels du ballon rond (avec la Grande-Bretagne). D’un autre côté, quand on tombe sur un Italie-Japon comme celui qui se déroulait cette nuit (minuit heure de Paris, trois heures après la victoire du Brésil face au Mexique), on se dit que c’est vraiment bien, les diffuseurs émergents. Un match fou.
Le match…
Dès le coup d’envoi, la technique du onze nippon étouffe les Italiens, privés de ballon. Durant quinze minutes, les Japonais donnent vie au ballon, le chipant sans cesse à leurs adversaires, dans le camp duquel ils siègent. Dès qu’ils touchent la balle, les joueurs japonais sont applaudis, très vivement encouragés. Quand les Italiens l’ont, ils sont sifflés. Jusqu’à la quarantième minute, ils ne savent pas s’ils doivent protéger leur camp ou en sortir pour attaquer. Pirlo, le métronome de la Juve et de la Squadra, est obligé d’aller chercher la balle dans sa moitié de terrain afin de laisser souffler les défensifs de sa sélection. Résultat : but de Honda sur un pénalty très litigieux à la 21e, puis but de Kagawa à la 33e. Il n’y avait rien à dire : les japonais jouaient au football, les Italiens jouaient… aux Italiens –ils défendaient. Shinji Kagawa, le milieu du Manchester United, était insaisissable. Alors, Balotelli se mit à courir, et adressait un centre bien choisi. Alors, De Rossi reprenait victorieusement un corner de Pirlo, quelques instants après avoir pris un jaune qui le privera du choc contre le Brésil samedi. On était à la 41e, et les Italiens, cuits à l’étouffée, reprenait quelque souffle.
Si la première période fut entièrement mise en scène par le Japon, la seconde fut tout aussi spectaculaire, mais équilibrée. Du vrai football, du spectacle, et… quatre buts. La Squadra Azzura avait décidé de hausser le ton, et prit les commandes en trois minutes : Uchida (50e, csc) et Balotelli (sur pénalty, 52e). On était passé de 0-2 à 3-2.
Mais on savait que c’était moi d’être fini. On restait devant son écran, sûr qu’on en aurait pour sa nuit. A la 69e, le japonais Okazaki remettait les deux sélections à égalité. Ce fut finalement Giovinco, le petit attaquant à très grand effet de la Juve championne d’Italie qui permit à l’Italie de s’imposer sur le fil (86e). 4-3, et un match remarquable, de ceux qui font veiller plus tard que prévu. Sept buts, et encore on ne vous a pas raconté les poreux italiens en fin de première mi-temps, et la double barre-poteau nippone en fin de match.
Comme le faisaient remarquer les commentateurs à la 63e : on eut dit un match à élimination directe, quelque chose comme un quart de finale de grande compétition.
… à la télé
Les commentateurs, justement.
On le sait : après que l’édition 2009 fut diffusée sur Eurosport, c’est TMC, filiale de TF1, qui diffuse l’édition 2013. Une édition spéciale, puisqu’elle se déroule au Brésil, un an avant que ce pays n’accueille la Coupe du monde –et trois ans avant que Rio n’accueille les J.O.-.
Pour le moment, ça se passe plutôt bien : 800 000 téléspectateurs samedi 15 pour le match d’ouverture Brésil-Japon (3,5 % de PDA), un million le lendemain pour regarder la victoire italienne face au Mexique (4,3 % PDA).
Aux commentaires ce soir : Thomas Bihel et Sylvain Wiltord. Le premier, transfuge d’Eurosport, le second joueur fraichement retraité (depuis l’an dernier)… et à deux reprises vainqueur de la compétition avec l’équipe de France (en 2001 et 2003).
Le premier, après une entame de match très plate, s’est mis à vivre dès le deuxième but nippon, en chantant quasiment le nom de Kagawa lors de son but. Du coup, il a donné vie au match, montant en intensité aussi bien sa voix que sa narration, et une certaine forme de passion. En somme, l’intensité de Bihel épousa celle du match, mais il mit plus longtemps à s’animer que le match qu’il avait à commenter.
Wiltord, lui, mit encore plus longtemps à vibrer. Une première période poussive, où on en venait à regretter ses interventions, qui nous privaient de l’ambiance du stade –de celles qu’on aime entendre, voir, vivre en direct-. Une seconde où il se mit à vivre autant que le ballon, et parvint enfin à faire ce que doit faire un ancien footballeur professionnel lorsque la télévision l’embauche : décrypter. Ce grand artisan de la victoire française à l’Euro 2000 (contre l’Italie justement) doit encore apprendre.
Conclusion
Dans ce groupe, le groupe A, Brésil et Italie sont d’ores et déjà qualifiés, Japon et Mexique éliminés. Dimanche, Brésil-Italie, ce match dont les épisodes font partie de la grande histoire du football (remember 1970, 1982), devait être la finale du groupe. Thiago Silva contre Balotelli. Pirlo vs Neymar. Verra-t-on les deux équipes type, ou des joueurs seront-ils laissés au repos ?
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