08 juin 2013

France-Brésil, histoire d’un presque clasico du football

Ce dimanche 9 juin, c’est Brésil-France de football, le quatorzième de l’histoire ; le quinzième si l’on ajoute la finale olympique de 1984, mais la compétition n’est pas considérée par la Fifa comme mettant aux prises des sélections A.

Avant ce match, qui n’est qu’amical, mais ô combien symbolique à un an de la Coupe du monde, les relations entre les deux pays sont footballistiquement équilibrées : six victoires pour la France (sept avec les JO 1984), quatre pour le Brésil, avec trois petits nuls pour équilibrer.

Mais jouer contre le Brésil, en football, c’est comme jouer contre les All Blacks en rugby : c’est jouer contre la magie : c’est se mesurer aux sources de la force originelle de son propre sport.

Retour sur quelques-uns des matchs France-Brésil, qui furent souvent de gala. Où l’on s’aperçoit que si les Bleus sont devenus grands, ce fut contre le Brésil, souvent.

 

24 juin 1958, Coupe du Monde

Vingt-huit ans après un premier France-Brésil (match amical à Rio, victoire brésilienne 3-2), cette demi-finale de la Coupe du Monde suédoise oppose la plus belle équipe que le Brésil ait connu (des joueurs de rêve comme Garrincha, Didi, Vava, et le tout jeune Pelé qui se révéla lors de ce tournoi) à la première grande équipe de France de l’Histoire, emmenée par Kopa, Piantoni, Wisnieski, Fontaine. Les Français font jeu égal un quart d’heure durant, mais à la 25e minute, le capitaine bleu Robert Jonquet se fracture le péroné. A cette époque, les remplacements sont interdits, et les Français joueront à dix et demi contre les onze étoiles brésiliennes. Défaite des Tricolores 5-2, dont deux buts de Pelé. Pour mémoire, on visionnera cette vidéo sur le site du journal L’Equipe.

 

 30 juin 1977, match amical

Quatorze ans auparavant, à Colombes, les double champions du monde brésilien sont venus malmener (3-2) une équipe de France qui s’apprête à entrer dans un trou noir de quinze ans. Un trou noir qui prenait fin avec les Bleus de Michel Hidalgo. Une équipe pour qui ce 30 juin 1977 allait compter. Nous sommes au stade Maracana, à Rio. A cinq minutes du coup de sifflet final, d’un coup de tête claquant, le capitaine des Bleus Marius Trésor égalise face au Brésil. Une demi-heure avant, Didier Six avait réduit le score face à des Brésiliens qui menaient tranquillement deux à zéro. Ces buts de Six et Trésor mis à la barbe des Brésiliens, devant 100 000 spectateurs et dans LA cathédrale du foot mondial, furent les deux coups de baguette qui décomplexèrent une équipe que, touche par touche, composait Michel Hidalgo autour de Michel Platini.

 

 

1er avril 1978, match amical

Le destin est, comme on le sait, farceur : c’est un 1er avril, à Paris, que se produit la première victoire française contre les Brésiliens. Le but de Platini à la 86e minute et cette première victoire bleue dépucelèrent l’équipe de France au niveau international.

 

15 mai 1981, match amical

Trois ans plus tard, c’est la génération de Zico et Socrates qui se balade au Parc des Princes. Pour fêter la victoire mitterrandienne, elle passe trois buts à une équipe de France qui poursuivra néanmoins sa route vers un renouveau imminent. Didier Six marque à nouveau, avant de se faire expulser quelques minutes plus tard pour avoir adressé un bras d’honneur au Brésiliens.

 

 

11 août 1984, Jeux Olympiques

 

Cette année-là offrit un été qui fut le premier été radieux du foot français. Le 27 juin, à Paris, les Bleus de Platini et d’Hidalgo remportèrent l’Euro, offrant à la France sont premier titre. En août, un autre arrivé : le titre olympique. C’était au Rose Bowl de Pasadena (Californie), lors des JO de Los Angeles. Un tournoi qui fut, en football, le premier ouvert aux joueurs professionnels, le règlement Fifa d’alors interdisant néanmoins à tout joueur ayant disputé une Coupe du monde, ou même les éliminatoires, de jouer les olympiades. Les Bleus olympiques étaient entraînés par Henri Michel, qui allait ensuite prendre la tête de l’équipe A. Les vainqueurs de Pasadena, qui gagnèrent 2-0, étaient : Rust, Bibard, Ayache, Zanon, Rohr, Jeannol, Bijotat, Lacombe, Lemoult, Xuereb, Brisson. Mention spéciale pour José Touré, relevant à peine de blessure, disputa une partie du tournoi… et se blessa à nouveau. Les mauvaises langues dirent que la médaille d’or française devait beaucoup au boycott des JO par l’URSS et ses alliés (réplique du boycott américain aux J.O. se Moscou quatre ans plus tôt), mais n’empêche : les Français étaient médaille d’or. Deux trophées, un même élan, et une racine : Séville 82.

 

 

25 juin 1986, Coupe du monde

 

C’est le match des matches. La première grandissime victoire des Bleus. Le plus beau France-Brésil de l’histoire, et sans doute un des plus beaux matches jamais joués. Ce quart de finale de Coupe du monde à Guadalajara, au Mexique, opposait quatre grands meneurs de jeu : Platini et Giresse côté français, Socrates et Zico côté brésilien. Les auriverde ouvrent le score, et Platini, bien que malade ce jour-là, égalise juste avant la pause : c’était le jour de son anniversaire. Une seconde mi-temps de folie, où le ballon ne sort quasiment pas de l’aire de jeu. Tigana et Giresse ratissent des tombereaux de ballon. Et Bats qui arrête le penalty de Zico… Durant les prolongations, une faute sur Bellone n’est pas sifflée. Un quart qui se finit aux tirs aux buts, et où le catholique Luis Fernandez devint un Dieu pour les Bleus.

 


France-Brésil Mondial Mexico 1986 1/4 de finale. par outatimebdr

 

26 août 1992, match amical

 Les Brésiliens alignent Rai, Valdo et Romario. Et surclassent des Bleus à la tête desquels Gérard Houllier vient de remplacer Michel Platini après le fiasco de l’Euro 1992. Les Bleus de Ginola, et Papin reçoivent une leçon de football à domicile. Défaite 2-0.

 

3 juin 1997

 

Un an avant sa Coupe du monde la France organise un « Tournoi de France » amical et inutile. Ce 3 juin, Roberto Carlos ouvre la marque sur un de ses coups francs de génie, et Marc Keller marque son unique but en Bleu. 1-1.

 

12 juillet 1998, Coupe du monde

 

Officiant encore sur TF1, l’inénarrable Thierry Rolland eut cette réplique mémorable après la victoire française :

 

Je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille […] Quel pied, ah putain quel pied ! Oh putain !

 

Zidane devint le dieu qu’il est resté depuis, la France s’abrita derrière le fameux « Black, blanc, beur », et le football devint un orgasme collectif.

 

 

7 juin 2001, Coupe des Confédérations

 

Une demi-finale de la très artificielle Coupe des Confédérations qui oppose des Bleus sans Barthez, Thuram, Zidane, Henry et Trezeguet à une équipe B du Brésil. Victoire française 2-1.

20 mai 2004, match de gala

Pour célébrer le centenaire de la FIFA, on organise au Stade de France un France-Brésil qui oppose donc les champions du monde 1998 à ceux de 2002. Un anniversaire costumé, puisque les deux équipes jouent la première période habillées de maillots qui sont des répliques des chemises que portaient les joueurs un siècle plus tôt.  RAS (0-0).

 

1er juillet 2006, Coupe du Monde

 

Vingt ans après Guadalajara, le quart de la revanche sonne à Francfort. Mais rapidement, Makelele, Ribéry, Viera et Malouda étouffent Ronaldinho et Kaka. Ce soir-là, Zidane joue sans doute son plus beau match en Bleu, enchaînant roulettes, tricotages, têtes, passes aveugles, caviars et tours de magie. Ce soir-là, Zidane adressa à Thierry Henry la passe qui permit à ce dernier de marquer du pied. Victoire 1-0.

 

 

 

Le dernier France-Brésil en date était amical. Il fut joué au Stade de France le 9 février 2011, et les Français gagnèrent 1-0 grâce à Karim Benzema.

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