Paru en 1987 aux États-Unis, un an plus tard en France, « Le Dahlia noir » est le septième roman de James Ellroy. Pour ce projet, il avait arrêté le cycle des Lloyd Hopkins, qui devait comprendre cinq romans et resta une trilogie.
C’est le roman qui fit exploser en France le phénomène Ellroy.
C’est le roman qui, chez l’énorme Ellroy, assemblait ses obsessions (Hollywood, le crime, Los Angeles, les tueurs en série) et son identité.
Par le meurtre d’Elizabeth Short, surnommée le « Dahlia noir », Ellroy disséquait un autre meurtre : celui de sa mère.
A ce jour, Le Dahlia noir a trouvé 600 000 lecteurs, en France.
Désormais, ce roman culte, adapté au cinéma par Brian De Palma (2006),
est aussi une bande dessinée. Parue en ce mois de novembre dans la très
belle collection Rivages-Casterman-Noir, où l’on avait déjà (re)lu
Pierre Pelot, Jim Thompson, Dennis Lehane, Donald Westlake, Sjöwall et
Wahlöö, Marc Behm, Charles Willeford, Elmore Leonard et quelques autres
pépites de Rivages/noir, cette collection en or.
Pour réaliser cette adaptation si réussie, ils s’y sont mis à plusieurs.
A trois. En plus de l’auteur. Trois hommes pour convaincre le grand
James, et adapter le texte : Miles Hyman aux illustrations, David
Fincher (oui, le cinéaste américain à qui l’on doit « Fight Club », etc)
et Matz pour le scénario. A noter que ledit Matz pilote la collection
de polar-BD avec François Guérif, le patron de Rivages/Noir.
Parce que c’est la première adaptation d’Ellroy en France, cette BD est un pur évènement.
Parce qu’Ellroy est un pic, un mythe, pour tous les amateurs de romans noirs, il s‘agit aussi d’une kermesse.
L’histoire a été fort agréablement racontée le 16 novembre dernier dans Libération, par Elisabeth Franck-Dumas. Au début, Ellroy refusait l’idée même d’une adaptation. Son agent fut, lui, convaincu en voyant la qualité d’un autre titre de la collection, « Nuit de fureur » de Thompson illustré justement par Hyman et Matz. On montra à l’auteur les esquisses faites par Hyman. L’auteur fut embarqué, et accepta l’idée.
Durant quatre ans, ce fut un travail de titan : texte redécoupé afin
d’être adapté et casé, dialogues reproduits à l’identique toit en se
trouvant dans la bouche d’autres personnages, focales et mise en scène
repensés.
L’intrigue est condensée en certains endroits, fidèlement développée en
d’autres. On a pas mal d’ellipses, et elle est restituée tel quel à
d’autres moments. Le roman compte quatre parties, la bande dessinée en
compte six.
Américain vivant désormais en France, Miles Hyman a puisé dans son passé
californien pour donner une lumière très vive à une histoire que l’on
sait infiniment sombre : l’enquête sur le meurtre –réel- d’Elizabeth
Short, à Los Angeles en 1947.
Une enquête, une histoire, qui est la première des quatre du « Quatuor de Los Angeles », qui compte ensuite « Le Grand Nulle part » (1988), « L.A. Confidential » (1990) et « White Jazz » (1992).
Une histoire que l’on relit avec plaisir. Une histoire, cet univers impitoyable.
Los Angeles Police Department, 1946. Dwight « Bucky » Bleichert fête son
premier jour aux Mandats, le prestigieux service où rêvent de
travailler la plupart des flics de la Cité des Anges. Il fera équipe
avec Leland « Lee » Blanchard, un collègue qui comme lui a été boxeur,
et qu’il a déjà affronté sur un ring. Malgré les non-dits entre eux, les
deux hommes sympathisent. Ils ne savent pas encore qu’ils vont enquêter
ensemble sur un crime qui va à la fois les rapprocher et bouleverser
leurs existences : la mort atroce d’une jeune femme, Elizabeth « Betty »
Short.
On retrouvera donc Bleichert, flic à la proéminente dentition et
narrateur de ce qui est, à jamais, un des plus grand s romans noirs de
l’Histoire.
Le Dahlia noir, d’après le roman de James Ellroy –
Adaptation : Matz et David Fincher – Dessin : Miles Hyman – lettrage :
Jean-Luc Ruault – Rivages/Casterman/Noir – 173 p – 20 euros
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