De sens.
Or, voici une série qui a le sens de la tragédie, de la révolte et du geste haut.
Une série de football. Rappelez-vous : en juillet 2012 était diffusée sur Arte le film documentaire « Les Rebelles du foot », réalisé par les journalistes Gilles Perez et Gilles Rof, avec Eric Cantona comme narrateur, et la révolte sportive et politique comme fil conducteur. Vous avez aimé la saison 1 ? Voici la saison 2, qui s’invite sur Canal + Sport jusqu’en mai prochain.
Le film de 2012 rassemblait cinq portraits, en version courte (13 minutes chacun), pour une durée totale de quatre-vingt-dix minutes : Didier Drogba et ses actes pour enrayer la guerre civile ivoirienne, Carlos Caszely et la dictature de Pinochet, Rachid Mekhloufi et l’équipe du FLN, Predrag Pasic et la guerre en ex-Yougoslavie, et « docteur Socrates » le Brésilien autogéré. Dès 2012, des versions intégrales (26 minutes chacune) de ces portraits avaient néanmoins été diffusées à l’étranger, notamment en Belgique. Ce sont ces versions que vous découvrirez dans ce qui est une partie –une partie seulement- de cette « saison 2″ des Rebelles.
L’autre partie, celle qui est totalement inédite, est au moins aussi forte. Elle est surtout plus surprenante, basée sur des joueurs bien moins médiatisés, que leur carrière soit encore récente ou qu’ils aient joué dans le passé. Elle est marquée par l’arrivée dans la série du football féminin, ou encore de la question du Moyen-Orient. Et par des portraits qui sont sensiblement différents les uns des autres : dans leurs approches, dans leurs thématiques, dans leur narration même.
Gilles Rof, un des deux réalisateurs de la série, le revendique :
Notre volonté était de repartir sur des gens moins connus, et de découvrir par eux d’autres pays du football. Nous avions même prévu d’aller en Libye, mais le climat politique ne l’a pas permis…
(Teaser)
Deux fois cinq épisodes
Tournés dans la première partie de l’année 2014, les cinq nouveaux
épisodes se contre-collent donc aisément aux cinq déjà existants,
tournés trois ans avant. En les regardant bien, ils sont aussi proches
de leurs prédécesseurs que d’une autre série lancée par les mêmes
réalisateurs (qui étaient aussi dans l’aventure de « Foot et immigration » : celle des « Looking for… »,
série de portraits elle aussi narrée par Eric Cantona –et fort apprécié
ici. C’est particulièrement évident dans un des deux portraits diffusés
ce soir : celui de l’Italien Cristiano Lucarelli,
dont la carrière est encore récente (Pérouse 1993 – Naples 2012), qui
fut marquée par un attachement au club de sa ville, « Livourne la
rouge ». Meilleur buteur de Série A en 2005, le joueur à présent
entraîneur fut réputé pour un engagement communiste revendiqué haut et
fort. Son portrait par Gilles Perez et Gilles Rof (les réalisateurs)
racontent surtout la ville elle-même, cette ville de dockers où naquit
le PC italien en 1921. Cette ville où, comme le dit un habitant, « le
football est synonyme de lutte ». Cette ville où Lucarelli sauva une
coopérative ouvrière entière.
Bien que presque concomitante avec celle de « Canto », et bien que l’on
sente une empathie de ce dernier envers l’Italien, ce film est pourtant
celui où, dans la série, le Français est le plus discret.
Il sera diffusé avec la version longue de l’histoire du génial Socrates, vue en 2012, mais dont on goutera les ajouts (dates de diffs et rediffs en fin d’article).
La saison 2 des « Rebelles du foot » est constituée de 10 épisodes, diffusés en cinq fois. Chaque épisode dure 52 mn, avec à chaque fois la version longue d’un portrait de 2012, et un nouveau.
« Les premières filles à jouer au football en Palestine » et autres histoires héroïques
Parmi ces nouveaux, l’un vous tire forcément les larmes d’admiration. C’est même un double destin qu’ont été cherchés les auteurs de ces films : il y a Saturnino Navazo, semi-pro jouant à Madrid, parti en France au cours de la retirada espagnole, poursuivant le combat contre le nazisme en France, avant d’être déporté à Mauthausen en 1941. Un camp encore en construction quand Navazzo y arriva avec d’autres apatrides de son pays (le pouvoir franquiste avait déclaré apatrides tous ceux qui avaient fui le pays). Ils y portèrent des pierres, y furent châtiés… et y jouèrent au football. Un film où vous verrez comment cet homme, qui fut si peu footballeur, gagna l’admiration d’un enfant avec qui il ressortit du camp, et à qui il offrit un avenir.
Ô combien belle est, aussi, le parcours de Honey Thaljieh, qui se présente dès la première image :
« Je suis Palestinienne, arabe, chrétienne, femme. Je suis née à Bethléem et je joue au football »
Devenue Corporate Communications Manager à la FIFA et membre du Committe du Football Féminin à la PFA (Palestine Football Association), Honey Thaljieh fut la première femme à jouer ouvertement au football dans son pays, relevant des défis tant au niveau social, politique, institutionnel que religieux. C’est après quarante jours d’Intifada (la deuxième, en 2000) qu’elle se décida à se servir de ce sport pour revendiquer une citoyenneté… et une identité. L’histoire commença avec « trois-quatre filles de quartiers différents », de religions différentes. Plus tard, Elle cofonda l’équipe nationale féminine de football de Palestine, dont elle devint capitaine. Comme le dit Marian Bandah, internationale palestinienne :
Ca a été dur non à cause des parents, mais de la société. Nous sommes les premières filles à jouer au football en Palestine. Nous sommes celles qui ont eu les problèmes au début. Nous sommes celles qui ont du combattre la société. Et nous l’avons fait.
Suivant le fil de cette histoire féminine, le film suit aussi le drame du conflit en ces terres occupées. Et nous emmène à Bethléem aussi bien qu’à Gaza. Deux Palestine un peu différentes, forcément : dans la bande, une fille ne peut pratiquer de sport après l’âge de treize ans. Deux sociétés aux contours conservateurs ici revendiqués.
(Extrait, avec l’aimable autorisation de 13 Productions)
Teaser Rebelles du foot 2 Honey THALJIEH from 13 Productions on Vimeo.
C’est par ce genre de portrait, brillant, que la série fait montre de ce qui est sa grande réussite : à travers l’Histoire aussi bien qu’à travers une chaude actualité, illustrer qu’il est des lieux et des destins où le football est aussi une lutte non-violente.
Comme dans les vies de Claudio Tamburrini, Argentin séquestré par la junte et vivant dorénavant en Suède. Comme un autre Brésilien docteur et footballeur : Afonsinho, privé de deux Coupes du monde pour ses idées aussi longues que sa barbe et ses cheveux, mais entré dans la culture populaire en étant le sujet d’une ballade de Gilberto Gil, « Meio do campo ».
On regardera cette saison 2 des « Rebelles » d’autant plus volontiers que le narrateur Cantona s’y efface un peu plus que dans ses récentes productions politico-footballistiques. Et on attendra les prochains portraits. Car Gilles Rof a fort envie d’en brosser cinq autres d’ici l’Euro 2016.
Personne ne sait où sera alors la France. Raison de plus pour garder la rage au cœur. Et cette série, démontrant que le football est aussi langage et culture, montre le sens à prendre.
« Les Rebelles du foot »
Ecrit et produit par Gilles Perez et Gilles Rof – 13 Productions
Diffusion sur Canal + Sport
Episode 1 : Lucarelli/Socrates – 1e diff. Mar 13/01, 20h45. Rediffs : 21/01 à 22h40. 24/01 à 22h. 25/01 à 08h20. 29/01 à 07h30 et 12h25. 11/02 à 23h05
Episode 2 : Tambourini/Mekhloufi, en février
Episode 3 : Afonsinho/Drogba, en mars
Episode 4 : Navazzo/Caszely, en avril
Episode 5 : Honey/Pasic, en mai
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